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uvres complètes
bilingues de Pèire Cardenal |
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XXXV Un sirventes fauc en luec de jurar |
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(Sirventes. ) | - vers 1235 - 1237 - |
( Sirventès ) |
I Un sirventes fauc en luec de jurar |
1 Je fais un sirventès en guise de malédiction |
II Enganatz es fols hom en son cuiar: |
2 La folie de l'homme égare son esprit , |
III Glotz en perier non vol vezer son par, |
3 "Glouton sur son poirier ne veut pas voir son pareil ", |
IV A tantas mas vei clergues assaiar, |
4 Je vois les clercs, de multiples façons, s'efforcer |
V En Bostía, digatz m'a N'Azemar |
5 Maître Bostia, dites de ma part au seigneur Adhémar |
VI Jeu non aus dir so que el auzon far, |
6 Je n'ose pas dire tout ce qu' ils osent faire, |
NOTES: Le jongleur Bostia(s)
était déjà cité dans le sirventès XXI
(Qui se vol...) qui fustigeait l'avidité des clercs et les
prieurs batailleurs. Il était envoyé au Dauphin du Viennois.
Ici, il est envoyé à "seigneur Adhémar"
comte de Valentinois et de Diois également pour qu'il se garde
des clercs avides, de leurs agissements et de leurs propos. Ces deux sirventès ont dû être écrits hors de Toulouse, à la prière du Dauphin d'Auvergne. A la strophe 3 deux lectures (ayant chacune un sens) sont possibles suivant les manuscrits: Glotz emperier (=empereur avide) ou Glotz en perier (=glouton en poirier). Cependant Lavaud privilégie la deuxième. A l'appui de son choix, le proverbe occitan moderne qui dit: "Gloton en cosina, son par non desira" (Glouton en cuisine ne peut supporter son pareil). Et deux proverbes; l'un italien, l'autre espagnol, sur le figuier, qui sont eux aussi voisins du texte de P.C. "Quando il villano è sul fico, non conosce ne parento ni amico" et "En el tiempo del higo, no hay amigo". Texte faisant partie des "Tròces causits" (voir Bibliographie) |